Pour mieux comprendre leur situation, les interviews de la série "Iwata demande" sont particulièrement précieuses, le président de Nintendo y interrogeant ses employés de façon très directe et informelle...
Un des renseignements qui m'y a le plus marqué concerne la création de Mario, sans doute le héros le plus célèbre et le plus lucratif du monde vidéoludique - on apprend directement de Miyamoto lui-même que sa moustache, sa casquette, son métier, etc. sont tous issus de contraintes liées au pixel art : son sprite devait mesurer seize petits pixels de côté, et Miyamoto, qui désirait dessiner un personnage humain détaillé, avait économisé de nombreux pixels en masquant sa bouche et ses cheveux à l'aide d'une moustache et d'une casquette, et l'avait affublé d'une salopette (et donc d'une activité manuelle comme charpentier ou plombier) afin que ses bras soient d'une autre couleur que celle du corps, devenant ainsi bien visibles de profil. On peut donc dire que d'un certain point de vue, Miyamoto s'est vu imposer Mario, ses choix étant en réalité des compromis face aux limites graphiques d'alors.
Pendant longtemps, le jeu vidéo a ainsi eu affaire aux contraintes techniques, pour le meilleur (des classiques et des genres entiers sont nés des contraintes) et pour le pire (des ambitions ont dû être revues à la baisse voire ont été abandonnées, des jeux ont été bâclés en catastrophe face aux difficultés, etc.). En fait, on pourrait dire que ce bras de fer contre les limites techniques aura même défini l'entièreté de l'histoire du jeu vidéo jusqu'à la génération que je considère comme pivot, celle de la Xbox 360, la PS3 et la Wii, plus décisive à mon sens que celle ayant apporté la 3D (Saturn, PlayStation, Nintendo 64).
Je me souviens bien du contexte des E3 (le salon du jeu vidéo) de 2005 et 2006, au lancement de cette génération : du côté de la Xbox 360 et PS3, l'idée chez les développeurs, journalistes et joueurs était que l'on allait enfin pouvoir tout faire, s'affranchir une bonne fois pour toutes des contraintes techniques et bénéficier ainsi d'une fantastique variété ; et du côté de la Wii, on argumentait que ces progrès n'étaient somme toute pas nécessaires, que l'on avait déjà atteint un niveau technique satisfaisant, et que seule l'évolution des concepts et des contrôles pouvait encore faire avancer le jeu vidéo.
Avec le recul, force est de constater que le bilan est mitigé d'un côté comme de l'autre.
Si la Wiimote a accru le potentiel de certains genres (le jeu à la "Marble Madness" avec "Kororinpa") et amélioré l'ergonomie de certains jeux ("Resident Evil 4", "Metroid Prime Echoes"), et permis à quelques trop rares occasions un gameplay nouveau sur console de salon ("Trauma Center"), dans l'ensemble elle aura été davantage un instrument de marketing et de retour aux sources (jeux au gameplay en 2D ou joués "NES style") qu'un facteur de progrès véritable, et la Wii en général aura très vite souffert de ses importantes limites techniques.
Et la Xbox 360 et la PS3, même si l'une et l'autre présentent une ludothèque très diverse si l'on y inclut les jeux en téléchargement, auront bien vite démenti l'idée de "qui peut le plus peut le moins", que ces consoles allaient être inclusives. Au final, peu de titres auront véritablement exploité leur puissance pour faire émerger de nouvelles expériences ludiques, et surtout, le type, le ton, et en particulier l'esthétique des jeux qui y sont sortis au format "boîte" n'auront pas fait preuve d'une plus grande diversité que lors des générations de machines précédentes.
Pourquoi ?
C'est une vraie question : pourquoi du temps de mon Amstrad CPC, qui avait des capacités de calcul plus modestes que certains frigos de nos jours (sans parler des téléphones), n'y avait-il pas moins d'originalité que dans les sorties "en boîte" sur Xbox 360 ou PS3 alors que la différence de potentiel est ahurissante ? Pourquoi même des genres très populaires de la génération précédente ont vite disparu ou se sont retrouvés relégués au ghetto du jeu en téléchargement, où ils ne peuvent pas se développer pleinement compte tenu des contraintes du format (stockage, prix attendu) ? Pourquoi, alors que l'on croyait pouvoir "tout faire", a-t-on vu une telle abondance de FPS et TPS (first person shooter et third person shooter, jeux de tir à la première et troisième personne) situés dans des contextes apocalyptiques, et baignant dans une ambiance violente et sombre avec des tons gris ou marron ?
Où sont les OVNI ?
Bref : pourquoi n'a-t-on pas vu plus souvent lors de cette génération des merveilles comme "Force de Défense Terrestre 2017" ?
La réponse est qu'en réalité, nous sommes toujours à l'époque où l'on donnait une moustache à Mario parce qu'on n'avait pas la place de lui dessiner une bouche, les contraintes se sont depuis simplement déplacées du champ technique au champ publicitaire, commercial, budgétaire, artistique et conceptuel même du jeu vidéo. Un jeu comme "Force de Défense Terrestre 2017" le prouve brillamment par l'absurde.
Désir de réalisme, choix et conséquences
Pour bien comprendre le phénomène de normalisation des jeux vendus "en boîte" sur Xbox 360 et PS3, il faut d'abord réaliser que l'impatience vis-à-vis des progrès techniques des machines de jeux est depuis très longtemps doublée d'une grosse demande de réalisme. Cette demande, ancienne mais devenue impérative chez les acteurs de l'industrie et les joueurs occidentaux au début la génération Xbox 360/PS3/Wii, a plusieurs causes.
D'abord, le jeu vidéo, pour composer avec les diverses contraintes matérielles qui ont caractérisé l'essentiel de son histoire, a dû styliser ses représentations par le biais de l'abstrait ("Pac-Man") ou du cartoon ("Sonic the Hedgehog").
L'impossibilité de représenter fidèlement la réalité pendant des décennies a forcé les concepteurs à créer une grammaire visuelle nouvelle et des univers très particuliers qui aujourd'hui encore symbolisent le jeu vidéo et sont très appréciés, mais l'envie d'enfin pouvoir diriger des personnages réalistes dans des environnements plausibles avec des lois de la physique, des effets (météo, feu, eau, lumière, etc.) et des animations qui ne choquent pas l'œil a naturellement crû.
Ensuite, au-delà du pouvoir il y a le vouloir. Lors des années 1990, beaucoup de joueurs ont ressenti une certaine frustration face à la mainmise des consoles de salon sur le jeu vidéo au détriment des micro-ordinateurs : sur micro 8-bit comme 16-bit, les jeux qui cherchaient à s'ancrer dans le monde réel étaient très nombreux sur le marché européen, mais l'arcade et les consoles japonaises ont imposé un côté "inoffensif" et décalé au jeu pendant toute la génération SNES/Mega Drive (et au-delà sur consoles Nintendo). Un jeu comme "Flasback", par exemple, a ainsi dû son succès avant tout à son ton réaliste à contre-courant de la concurrence ; et la volonté de faire entrer le jeu en collision avec le réel aura été centrale dans le marketing de Sony sur sa marque "PlayStation".
Enfin, à l'impatience vis-à-vis du pouvoir des machines et à la frustration face au vouloir des éditeurs et constructeurs s'ajoute une question d'âge : la génération de joueurs qui a grandi avec le jeu vidéo et a fait son succès est devenue adulte, et a commencé à réclamer des contenus qui "grandissent" avec elle sur le fond comme sur la forme. Cette volonté d'être "pris au sérieux" en tant que (plutôt jeune) adulte s'est progressivement transférée au format du jeu vidéo en tant que tel, avec le fantasme d'un art vidéoludique "mature" reconnu par les médias généralistes et le grand public, ce qui s'est traduit par la volonté de, encore une fois, rapprocher le jeu vidéo du monde réel.
Tout cela explique la surabondance de jeux "réalistes", sombres, "sérieux", ternes et violents mis en avant lors du lancement de la Xbox 360 puis de la PS3, explosant de concert lors d'un grand retour du refoulé collectif ; mais alors que ceux-ci coexistaient au départ avec des jeux plus légers et colorés comme "Kameo", "Viva Piñata", ou autres "Ratchet & Clank", ils ont rapidement fini par devenir une nouvelle norme du jeu au format "boîte", ne laissant survivre que les licences déjà existantes, puis les mettant au pas ("Tomb Raider" rebooté en 2013) ou les faisant disparaître (E3 2013).
Ici aussi, il y a plusieurs causes à la généralisation du "réalisme" sur ces consoles. Rapidement :
- Les coûts de production ont nettement augmenté avec la puissance des consoles, limitant les possibilités de prises de risques. Les jeux "réalistes" ayant tout de suite très bien marché alors que les jeux de Rare, par exemple, ont été des échecs, les éditeurs ont décidé de suivre le sens du vent et de continuer à produire ce qui fonctionne déjà.
- Le marché interne de ces consoles s'est segmenté entre les jeux "en boîte" et les jeux vendus en téléchargement : les joueurs voulaient en "avoir pour leur argent" avec des jeux "en boîte" au ton réaliste et spectaculaire, alors que les jeux adoptant un ton ou un gameplay plus traditionnels (abstrait ou cartoon) étaient considérés (à tort) comme étant moins coûteux, et donc plus appropriés au format du téléchargement.
- Le public s'est lui-même segmenté entre Nintendo et les autres : si on veut des jeux "matures" en "mettant plein la vue", on achète une Xbox 360 ou une PS3, et si on veut des jeux plus familiaux ou de conception plus "old school", on achète du Nintendo. Cela explique que des jeux comme "Little King's Story" ou "de Blob", qui n'exploitent pourtant pas les contrôles de la Wii, soient sortis sur console Nintendo.
On pourrait tout à fait penser que le réalisme n'est qu'un style graphique, et qu'il n'y aurait donc à priori pas de raison pour que sa généralisation restreigne la variété du gameplay des jeux vidéo. Après tout, "Force de Défense Terrestre 2017" n'est ni abstrait ni cartoon : il se passe en gros de nos jours, dans des décors urbains ou campagnards ou souterrains très sobres, et on y dirige un soldat qui combat une invasion extraterrestre avec des fusils d'assaut, des bazookas, des grenades, et d'autres armes plausibles pour l'essentiel - rien de bien farfelu, mais comme on le verra bientôt, le jeu se joue pourtant très différemment de ses concurrents, étant justement l'exception d'une règle aux lourdes répercussions...
En effet, la logique des évolutions s'arrête rarement en route, et après être passé des graphismes détaillés mais de styles variés au style et au contexte réalistes, on est arrivé au ton et à l'action réalistes, ce qui n'est pas la même chose.
La réception de, par exemple, "Metroid Prime Corruption" sur Wii illustre bien le problème : le jeu est le troisième volet de la série des "Metroid Prime", qui a adapté la formule de "Metroid" à la 3D ; et, alors que les deux premiers jeux avaient été unanimement applaudis et sans que le troisième opus change véritablement de type d'univers ou de traitement, on a soudain lu de nombreuses critiques sur la plausibilité de ce qui s'y passe.
Comment des créatures peuvent-elles resurgir dans une salle hermétique après qu'on l'ait entièrement nettoyée ? Pourquoi ces créatures sont-elles comme par hasard toujours du même nombre et du même type que les précédentes ? Comment des entités extraterrestres ont-elles pu concevoir des architectures où l'on ne peut entrer dans certaines salles qu'en passant par des tubes étroits ou en cassant des murs ? Quelle explication a-t-on au fait que tuer un animal fasse apparaître une recharge de missiles ?
Toute une grammaire vidéoludique, auparavant jamais remise en cause, a brusquement été passée au crible du réalisme, chose d'autant plus surprenante que la série des Metroid a un univers plus "pulp" que réaliste (on y combat un ptérodactyle violet qui vole dans l'espace et crache du feu, tout de même), et que ce jeu a justement essayé d'étoffer l'univers de la série pour le rendre plus concret (voyages entre planètes, plus de personnages et de dialogues)...
Au-delà de cet exemple précis, les sarcasmes se sont multipliés sur les évidents points faibles orange des boss de "Lost Planet", sur l'esthétique et le ton des jeux "Halo" (série pourtant auparavant critiquée pour n'être qu'un cliché de FPS futuriste), etc. Petit à petit, les codes du jeu vidéo ont dû être gommés, dissimulés au profit de ceux du film de divertissement, qui est alors logiquement devenu le modèle affiché du jeu "en boîte".
Le problème, évidemment, c'est que l'intersection entre la grille de contraintes propre au jeu vidéo et celle propre aux blockbusters cinématographiques ne laisse mécaniquement qu'une faible marge de manœuvre aux développeurs, surtout lorsque s'y ajoute la question du revenu sur investissement.
Un jeu vidéo, c'est une capacité d'interaction avec un univers qui cherche à battre une force antagoniste. Quand on dispose de tout le panel vidéoludique, cette capacité d'interaction peut être désincarnée ("Lemmings", "Populous", "Panel de Pon"), ou être une citrouille, un chat, un petit soldat de plomb, un fantôme, un dragon, une toupie, une fée, etc. Dans un jeu à l'action "réaliste", c'est soit un véhicule pour les jeux de course ou certains jeux de guerre, soit un homme ou une femme.
De même, quand on dispose de tout le panel vidéoludique, la force antagoniste du jeu peut être la gravité, le décor (soit parce qu'il est dangereux en soi, soit parce qu'il est difficile de s'y orienter), un mécanisme, une suite d'objets à utiliser correctement, de bons choix de communication, des ennemis de natures potentiellement extrêmement diverses, le temps, etc.
Dans un jeu à l'action "réaliste", même si le temps ou le décor peuvent ponctuellement jouer un rôle, la force antagoniste est avant tout constituée d'ennemis qui sont soit des hommes/des femmes, soit des zombies (qui ne sont qu'une variante commode du choix précédent), soit des machines, soit des extraterrestres, soit des monstres. On pourrait pourtant considérer qu'un contexte "réaliste" n'empêcherait pas, par exemple, la suite d'objets à utiliser correctement ou de bons choix de communication d'être les principales forces antagonistes, mais on se trouverait là dans le cadre d'un jeu d'aventure "réaliste" qui ne pourrait que difficilement rentabiliser son budget de jeu "en boîte", sans parler de l'artificialité des mécaniques propres au genre qui risquerait de choquer dans un cadre plus plausible que, par exemple, celui des jeux LucasArts.
Enfin, il y a la question de l'univers, qui ici est bien entendu centrale. Quand on dispose de tout le panel vidéoludique, on peut se livrer à toutes les fantaisies : mondes abstraits, décalés, parodiques, surréalistes, expressionnistes, "cartoon"... on peut demander au joueur de voyager dans le temps grâce à un ocarina pour empêcher qu'une lune grimaçante ne s'écrase sur un village, on peut geler un hamster en 1987 pour le récupérer en 2187 puis le raviver au micro-ondes, on peut faire du platforming dans l'inconscient des gens, on peut incarner un ver de terre justicier de l'espace... ou on peut évoluer dans un monde globalement crédible malgré d'évidentes concessions aux codes du jeu vidéo, comme dans "Metroid Prime Corruption", ou "Disaster Day of Crisis", ou un jeu comme "Dead Rising".
Dans un jeu à l'action "réaliste", en revanche, tout devient très vite compliqué. Non seulement le décor lui-même doit être plausible, limitant déjà drastiquement les possibilités, mais son usage doit l'être aussi : ainsi, dans un décor naturel, on acceptera mal que de petites clôtures ou de simples talus nous empêchent de quitter les sentiers d'une forêt ; dans une ville, on voudra aller et venir à sa guise voire entrer dans les bâtiments, etc. Comme les limites artificielles et les conventions vidéoludiques n'ont plus droit de cité, un concepteur de jeux vidéo devra ainsi choisir entre le modèle du "monde ouvert" à la "Grand Theft Auto", qui est très spécifique et impose ses propres contraintes, et exploiter deux décors archétypiques : le canyon (seul cadre naturel qui canalise le joueur) et la ville ravagée, voire post-apocalyptique. Pourquoi ravagée ? Parce que c'est le moyen le plus pratique et le plus crédible de bloquer les portes que l'on ne veut pas que le joueur ouvre, de boucher les rues et les avenues avec des débris pour imposer un chemin de façon "naturelle", d'expliquer pourquoi on ne rencontrera pas les habitants de la ville et l'on n'y croisera que des ennemis, etc.
Et c'est ainsi qu'en partant d'un unique postulat, le jeu "en boîte" à l'action "réaliste", on finit, par effet domino, à devoir réaliser des jeux d'action se situant exclusivement dans des canyons ou des villes apocalyptiques, où l'on joue un humain devant tuer d'autres humains, des zombies, des machines, des extraterrestres ou des monstres... Et, comme on va le voir avec le contre-exemple de "Force de Défense Terrestre 2017", même au sein de ce genre déjà très précis, l'action "réaliste" limite encore plus drastiquement les possibilités de gameplay, poussant le jeu vidéo sur la pente glissante des schémas hollywoodiens.
Aux racines de la série "Earth Defense Force"
S'il paraît décalé dans le paysage vidéoludique de la Xbox 360, "Force de Défense Terrestre 2017" n'est pas isolé : il appartient à la série "Earth Defense Force", qui à la sortie exclusive du jeu sur Xbox 360 en 2007 comportait déjà deux épisodes principaux et un spin-off sur PS2, sortis entre 2003 et 2007 au Japon puis en Europe (mais pas aux États-Unis).
Les jeux sont l'œuvre de la compagnie japonaise Sandlot, formée d'anciens employés de Human Entertainment, notamment auteur de la série "Fire Pro Wrestling" et de trois jeux de sport sortis en salles d'arcade - Human Entertainment a été dissoute en 2000, Sandlot fut aussitôt créée en 2001. Par ailleurs, il faut noter qu'un autre ancien employé, Goichi Suda, avait auparavant fondé avec d'autres collègues la compagnie Grasshopper Manufacture en 1998 ("No More Heroes", "Lollipop Chainsaw") - lorsqu'on compare l'œuvre de Sandlot et celle de Grasshopper Manufacture, les affinités sautent aux yeux.
L'éditeur de "Earth Defense Force" est D3 Publisher, qui a publié la série sur PS2 sous le label "Simple 2000", faisant partie de la gamme budget "Simple Series" dont le nombre correspondait au prix (les jeux "Simple 2000" coûtaient 2000 yens, une quinzaine d'euros à l'époque). Le label a eu beaucoup de succès grâce à une meilleure qualité que chez la concurrence équivalente, et parce qu'il utilisait son statut "budget" pour proposer des expériences différentes : ainsi, on pouvait y trouver des jeux typés "arcade" voire des portages ("The Super Puzzle Bobble DX"), mais aussi de nombreux jeux mettant en scène des jeunes femmes en bikini, pas nécessairement dans un cadre sportif (dans "The OneeChanbara", l'héroïne combat des zombies).
Dans l'image ci-dessus, vous pouvez voir sur le bandeau inférieur, dans l'ordre, les boîtes de "The Earth Defense Force" (appelé "Monster Attack" en Europe, capture d'écran en haut à gauche), "The OneeChanbara" (qui allait connaître trois suites sur PS2), la compilation "The Super Puzzle Bobble DX", "The Earth Defense Force 2" (appelé "Global Defence Force" en Europe, capture en haut à droite), puis le spin-off "The Earth Defense Force Tactics" ("Global Defence Force Tactics" en Europe).
Les jeux principaux de la série ayant précédé "Force de Défense Terrestre 2017" sont extrêmement proches du jeu sur Xbox 360, je ne m'étendrai donc pas, mais quelques particularités méritent d'être signalées :
- "Monster Attack" comporte 25 missions racontant la première invasion extraterrestre en 2017, et propose par défaut des contrôles bizarres, sans visée libre : on pivote latéralement avec le stick gauche, et la visée verticale est automatique, même si l'on dispose d'un bouton pour tirer en haut et d'un autre pour tirer en bas. Heureusement, en réglant les options de son personnage sur "TECHNICAL", on retrouve des contrôles standards à deux sticks, repris par la suite.
- "Global Defence Force" a lieu deux ans après "Monster Attack", avec une invasion qui reprend depuis la terre puis les airs, et beaucoup plus de contenu : 71 missions et deux classes de combattants - l'infanterie masculine déjà présente dans "Monster Attack", et des unités féminines nommées Pale Wings capables de voler grâce à un jetpack et disposant d'armes qui tirent des salves d'énergie.
- L'un comme l'autre jeu PS2 disposait à l'origine de nombreux dialogues parlés, qui au lieu d'être traduits ont été retirés pour la sortie en Europe.
Malgré l'importante popularité du label "Simple 2000" sur PS2, Sony a globalement refusé que les "Simples Series" reviennent sur PS3, sans doute pour des questions d'image, ce qui illustre ce que je disais précédemment sur l'état d'esprit de cette génération. Microsoft, cependant, voyant là l'occasion d'attirer un public japonais qu'il cherchait désespérément à séduire, ouvra grand les bras aux "Simples Series", permettant à D3 Publisher et à Sandlot d'y sortir leur remake (et reboot), ceux-ci espérant en retour conquérir le marché occidental (en particulier américain). La série OneeChanbara est elle aussi arrivée à cette occasion sur Xbox 360.
Le succès aura été au rendez-vous, le jeu ayant suscité suffisamment d'enthousiasme pour qu'un spin-off soit commandé au studio américain Vicious Cycle Software, censé adapter davantage la formule de "Earth Defense Force" au public occidental, avec entre autres du jeu en ligne absent de "Force de Défense Terrestre 2017". "Earth Defense Force : Insect Armageddon", sorti en 2011, n'eut cependant pas une bonne réception auprès des amateurs de la série, précisément à cause de cette "mise aux normes".
Au moment où j'écris ces lignes, après des portages sur PSP et PlayStation Vita, la série principale est sur le point de revenir sur console de salon avec un remake spirituel de "Global Defence Force" nommé "Earth Defense Force 2025", qui offre bien plus de contenu dont bien sûr le retour du Pale Wing (rebaptisé Wing Diver), et deux nouvelles classes, le Air Raider et le Fencer, avec du jeu en ligne pour accompagner le tout. Sa sortie est prévue pour le mois prochain au Japon et pour l'année prochaine en Occident.
"C'est un insecte... un énorme insecte !"
Nous voici enfin arrivés au jeu proprement dit. Comme souligné plus haut, "Force de Défense Terrestre 2017" semble sur le papier rester en ligne avec la philosophie des autres productions "en boîte" sur Xbox 360 et PS3 puisqu'on y joue un soldat affrontant une invasion extraterrestre - c'est dans son exécution qu'il leur est diamétralement opposé.
D'abord, sur le plan du ton : ici, les "extraterrestres" sont... des fourmis géantes et, plus tard, des araignées géantes (que le jeu s'acharne, à mon grand dam, à appeler des "insectes"), avec quelques monstres ressemblant à Godzilla pour faire bonne mesure, ainsi qu'une armée de robots et de vaisseaux tout droit sortis d'un film de science-fiction des années 1950. À cela s'ajoutent des dialogues et présentations pince-sans-rire doublés de façon merveilleusement "premier degré" par des amateurs, jubilatoires en français comme en anglais - cette fois-ci, la sortie en Occident n'aura heureusement pas sacrifié les dialogues de la série !
Comme pour revendiquer ce traitement de série B aux antipodes des ambitions de la concurrence, la réalisation du jeu elle-même semble avoir tout du logiciel pour petits budgets. Il y a en tout et pour tout sept modèles d'ennemis, boss inclus (pas plus que dans "Robotron : 2084"), avec seulement quelques variantes de coloration, de taille, d'armement ou de propriétés, dupliqués encore et encore pour former les hordes que l'on affrontera au cours des 53 missions du jeu, tout comme "Doctor Who" ou "Cosmos 1999" recyclaient sans cesse les mêmes couloirs pour donner l'illusion que l'on explorait un vaste complexe futuriste.
Il n'y a que trois environnements réellement différents : des arènes de ville, une de campagne, et une de tunnels souterrains. Dans les tunnels, la pauvreté de modélisation et de textures rappelle la Nintendo 64 ; les autres arènes couvrent des zones carrées cernées de murs invisibles contre lesquels notre personnage courra dans le vide comme un idiot sans que rien n'indique qu'il y a là une barrière infranchissable. Les graphismes donnent la même impression générale que ceux de "Global Defence Force", le prédécesseur de "Force de Défense Terrestre 2017" sur PS2 : les échelles et le niveau de détails ont été accrus et des effets de relief de textures ont été ajoutés, mais il n'y a pas de rupture de style ou d'intention photoréaliste ou artistique.
Les fourmis et les araignées n'ont pas été "réinventées", ce sont de banals modèles 3D littéraux, et leurs cadavres disparaissent d'un coup après quelques secondes sans animation de transition ; les vaisseaux de chasse se déplacent exactement comme s'ils étaient suspendus au bout d'un fil ; les membres des robots et des monstres à la Godzilla se tordent sous nos tirs comme ceux de petits jouets en plastique ; les grands OVNI abattus passent à travers le sol en fin de chute sans faire aucun dégât aux bâtiments ni aux personnages qu'ils traversent, et sans explosion ; un seul tir de bazooka fera s'écrouler un immeuble lors d'une animation très sommaire, là encore sans conséquence pour les alliés ou ennemis se trouvant dessus ou à côté ; les tirs alliés changent selon que l'on tire sur les soldats dirigés par l'ordinateur (notre tir est alors mortel) ou que eux nous tirent dessus (on est alors vaguement bousculé) ; les dialogues alliés pendant l'action, tirés au hasard selon les situations, virent vite à la cacophonie et au ridicule ; les arbres déracinés se comportent exactement comme des arbres de modèles réduits ; les bonus de santé, d'armure ou d'armement sont de simples sprites qui ne cherchent pas à dissimuler leur nature artificielle ; etc.
Tout cela explique l'aura de "plaisir coupable" de la série, et l'espèce de gêne qu'elle provoque chez la presse spécialisée - comme si exhiber ainsi sa nature de jeu vidéo était devenu honteux.
Habitué à ne pas se mouiller lorsqu'il aime un jeu qui ne rentre pas dans ses cases, le site Gamekult qualifie ainsi la série de "culte pour certains, daube pour d’autres", exactement comme "Deadly Premonition" est parfois décrit comme "tellement mauvais qu'il en devient bon" - alors que ce qui y est mauvais (ses phases de combats imposées par la production, sa technique) est mauvais, et ce qui y est bon (ses personnages, son histoire, son humour, la structure ouverte de son enquête) est bon.
Dans les deux cas, la volonté de ne pas chercher à obtenir un rendu visuel comparable à un film (ou l'impossibilité d'atteindre ce rendu, techniquement ou budgétairement) et de ne pas trop se prendre au sérieux cause une attitude goguenarde de la part de la presse, ce qui peut surprendre puisque l'on parle ici de jeux vidéo... faut-il prendre de haut "Majora's Mask" à cause de ses gros polygones et de ses ruptures de ton (protéger des vaches d'enlèvements extraterrestres, la lune et son visage) ? Ou faut-il plutôt juger d'abord ces jeux pour leurs qualités en tant que jeux ?
Parce que sur ce plan, ami lecteur, je puis t'affirmer que je ne me suis jamais autant amusé ou investi dans un jeu de guerre avant "Force de Défense Terrestre 2017", que ce soit en matière de temps (plus d'une centaine d'heures), en acquisition d'expérience ou de réflexes (le jeu sait être impitoyable), ou en réflexion tactique. Et même sur un plan purement hollywoodien, rarement ce que j'ai vu dans un jeu vidéo m'aura autant impressionné. Et tout cela ne se fait pas en dépit de ce qui a été énuméré plus haut, mais, comme on va le voir, grâce à ces choix.
"Oui, mon capitaine !"
"Force de Défense Terrestre 2017" a une structure ouverte qui au départ peut être très déroutante. Le jeu compte cinq niveaux de difficulté : "facile", "normal", "difficile", "très difficile" et "infernal", mais sans limite entre eux - à partir du moment où une mission est débloquée, tous les niveaux de difficulté sont librement accessibles pour cette mission, et il suffit de battre une mission à n'importe quel niveau de difficulté pour débloquer la suivante.
Ainsi, on pourra accéder à la mission n°7 en battant la mission n°6 en "facile", puis aborder cette nouvelle mission directement en "difficile", puis rejouer dix fois d'affilée à la mission n°2 en "facile" pour améliorer sa résistance d'armure, etc.
Sur la fiche des missions, les victoires sont récompensées d'une médaille pour chaque niveau de difficulté, et les parties jouées à deux en multijoueur local comptent comme une partie jouée seul - la progression est donc très libre, à peu près "à la carte".
La résistance d'armure et l'arsenal disponible sont communs à toutes les missions et à toutes les difficultés. Les ennemis tués peuvent laisser derrière eux trois types de bonus : deux degrés de bonus de soins (un simple et un triple qui nous guérit bien plus), des bonus d'armure qui ajoutent chacun un point à notre santé maximale une fois la mission remplie, et des bonus d'armement ouvrant chacun l'accès à une arme tirée au hasard lors du bilan de la mission.
Ce hasard est partiel, chaque arme ne pouvant "tomber" qu'au-delà d'une certaine mission jouée à un certain niveau de difficulté : par exemple, le fusil d'assaut AF99 n'est accessible qu'à partir de la mission n°34 jouée en "très difficile", il ne pourra donc jamais tomber au niveau "facile", "normal" ou "difficile", mais pourra apparaître suite à n'importe quelle mission jouée en "infernal". Il faut noter que les niveaux "facile" et "normal" sont des exceptions à ce système puisque gérés en doublons de façon interchangeable : par exemple, le bazooka Cascade 1 peut tomber à partir de la mission n°21 jouée en "normal" ou "facile", mais ne tombera jamais lors de la mission n°20 jouée en "normal".
Cette structure, en rupture d'avec la tendance narrative et cinématographique de la concurrence, présente des avantages et des inconvénients. D'un côté, elle permet de profiter du jeu à son rythme et selon ses compétences, avec de nombreuses astuces permettant de rendre plus accessible une mission trop retorse : on peut d'abord jouer à des niveaux plus faciles pour collecter des bonus d'armure, on peut rejouer à des niveaux difficiles que l'on maîtrise pour acquérir des armes plus puissantes, on peut se faire aider d'un ami pour doubler sa puissance de feu et bénéficier d'un atout tactique... ou on peut tout simplement se contenter de ne jouer au jeu qu'en "facile" ou en "normal", les autres niveaux ne proposant que des armes comme contenu exclusif, avec la même histoire, les mêmes dialogues, et la même conclusion (les ennemis sont simplement plus offensifs et résistants). Sur ce plan, le jeu m'a rappelé mon expérience avec "Monster Hunter Tri", farming compris.
Mais d'un autre côté, cette liberté conjuguée avec le facteur hasard peut déséquilibrer le défi offert par le jeu. Sans rien connaître de sa structure, j'avais abordé le jeu en essayant autant que possible de battre tous les niveaux de difficulté d'une mission avant de passer à la suivante, mais mes victoires au niveau "difficile" ont vite débloqué des armes dont la puissance a rendu les niveaux "facile" et "normal" obsolètes, y compris dans les toutes dernières missions censées être plus dures. J'ai alors décidé de liquider rapidement ces deux niveaux de difficulté en m'y consacrant exclusivement, et sans plus ramasser aucun bonus afin de gagner du temps... résultat : quand j'ai attaqué le reste des missions en "difficile", ma santé était à l'inverse bien trop basse !
J'ai par la suite joué à "Force de Défense Terrestre 2017" globalement "dans l'ordre", et j'ai alors découvert l'étonnante profondeur de son aspect tactique, que je détaillerai plus bas... Quoi qu'il en soit, malgré le côté agaçant de cette gestion des missions, de la difficulté, et des ressources (les armes sont tirées au hasard y compris parmi celles que l'on a déjà, donc si on est malchanceux on peut attendre longtemps avant de débloquer les 171 armes, et le farming de santé, parfois vital, est laborieux), les choses ont tout de même tendance à s'auto-équilibrer, et surtout, on s'amuse et on en prend plein la vue dans tous les cas de figure.
"Regardez la taille de ce truc !"
La fiche de "Force de Défense Terrestre 2017" du Wikipédia anglais déclare que la presse spécialisée occidentale a trouvé le jeu, je cite, "inexplicablement amusant". Si on était sévère, on dirait que l'adverbe est un aveu d'incompétence, car pour peu que l'on ne fonctionne pas par dogmes, il est facile de voir pourquoi le jeu est si divertissant voire libérateur : il est extrêmement spectaculaire, et il offre une interaction très forte du joueur avec son univers - autrement dit, de l'immersion.
À priori, compte tenu du côté "fauché" et kitsch du jeu tel qu'on l'a décrit plus haut, il peut sembler étonnant de mettre en avant son impact visuel et son immersion, mais ce sont en fait ces mêmes choix initiaux qui produisent de tels effets.
Si "Force de Défense Terrestre 2017" est spectaculaire, c'est grâce à ses effets d'échelle : échelle de certains ennemis, réellement cyclopéens ; échelle des hordes à affronter, meutes grouillantes qui noircissent l'horizon lors de charges terrifiantes ; échelle des arènes gigantesques dans lesquelles on se déplace sans contrainte ; échelle des dégâts infligés aux décors par les extraterrestres ou par nos propres armes, et des dégâts échangés entre armées.
Or, il est tout bonnement impossible d'avoir une action "réaliste", telle que la recherche désormais l'industrie du jeu "en boîte", et ce type d'échelle. Déjà, si on veut des environnements très détaillés sur lesquels on gardera un certain contrôle de mise en scène, il faut concentrer la puissance des machines et le travail des graphistes sur une surface de jeu relativement réduite (d'où, comme on l'a dit précédemment, les décors récurrents de canyons et de villes en ruine), et dans ce cadre on ne peut pas faire intervenir des ennemis vraiment énormes, ou alors, en les faisant évoluer en dehors de l'espace où se déplace le joueur ("God of War" utilise très souvent ce procédé).
Même chose concernant les hordes ennemies : non seulement ils n'ont pas de place où les mettre, mais les concepteurs de jeux à l'action "réaliste" semblent terrifiés de l'effet "clones", sur lequel certains joueurs aiment de plus en plus ironiser, même avec un jeu comme "Resident Evil 4" qui a pourtant fondé le modèle du blockbuster hollywoodien interactif - surtout, il faut à tout prix éviter de faire "jeu vidéo", éviter qu'un grand ennemi interagisse de façon imparfaitement réaliste avec le décor, éviter que deux ennemis se ressemblent trop, éviter que les mouvements de groupe ne fassent trop ressortir la nature artificielle des adversaires, savoir quoi faire des piles de cadavres...
C'est parce que les décors de "Force de Défense Terrestre 2017" sont simples et stylisés qu'ils peuvent se permettre d'être aussi grands (celui de la campagne, naturellement plus dépouillé que ceux de la ville, couvre une superficie incroyable), c'est parce que ces décors sont grands que l'on peut y faire évoluer des ennemis qui le sont (soit individuellement soit en groupe), c'est parce que les ennemis ont une apparence générique et simple (des arthropodes ou des machines au design des années 1950) que l'effet "clones" passe comme une lettre à la poste... et c'est ainsi que l'on écarquille les yeux et que l'on a le souffle coupé devant un jeu à petit budget pratiquant l'autodérision, alors que j'ai eu du mal à tuer mon ennui devant "Gears of War".
Le second facteur d'amusement, qui complète parfaitement le premier, est comme on l'a dit l'immersion. Tout comme les procédés spectaculaires du jeu vidéo singent de plus en plus ceux du cinéma en multipliant les mises en scène scriptées au détriment des initiatives du joueur, l'immersion vidéoludique copie toujours plus la méthode cinématographique : exposer un cadre crédible et des héros au caractère marqué, et s'efforcer de rendre ces derniers sympathiques par le biais des dialogues et des situations - l'idée, au cinéma, est de faire en sorte que le spectateur (qui n'est pas le héros) croie à l'univers présenté, développe de l'empathie pour les personnages principaux, puis se projette sur eux pour au final s'incarner dans ce qui se passe à l'écran.
Or, dans le jeu vidéo, on n'a pas besoin de toutes ces étapes puisque le joueur joue le héros, il est donc déjà incarné à l'écran : on doit explorer l'univers autour de soi et interagir avec celui-ci, on doit prendre des décisions dont dépendent notre réussite et notre survie, si une créature dangereuse surgit brutalement devant nous on doit savoir garder son calme et faire preuve de réflexes et d'initiative pour éviter le Game Over... pourquoi copier le cinéma et ôter au joueur de sa capacité d'interaction (créant de la distance avec l'action) pour ensuite tenter de l'impliquer par projection ? L'immersion vidéoludique n'a pas à utiliser les mêmes procédés que l'immersion cinématographique.
Traditionnellement, l'immersion dans le jeu vidéo passe (bien plus logiquement) par l'action, que ce soit dans des jeux au contexte abstrait comme "Super Mario 64" ou à l'ambition plus narrative comme "Shadow of the Colossus", et, d'abord, par la notion de monde ouvert ou semi-ouvert. Dans "Force de Défense Terrestre 2017", les arènes sont certes peu nombreuses, mais cela permet justement de se familiariser avec elles ; elles sont certes encadrées par des murs invisibles, mais il n'y a pas d'autre limite à leur circulation et elles sont comme on l'a dit très grandes ; elles ont certes une modélisation simple et une apparence "proprette" peu crédible (tout le monde en ville a été évacué en catastrophe sans qu'un papier tombe par terre), mais leur apparence "neutre", banale, sans volonté de dramatisation, produit un curieux sentiment d'authenticité quand on y évolue, comme si on se promenait dans une stylisation 3D de son propre quartier façon "Google Maps".
Au début du jeu, la réalisation fait sourire, mais avec le temps on se rend compte que les décors sont en fait relativement soignés, avec des jardins d'enfants, des vélos attachés aux barrières le long des rues, des panneaux publicitaires, des distributeurs de boissons, des arrêts de bus, des lignes de métro aériennes... on apprend à se repérer, à savoir où se trouve le grand parc par rapport à la sorte de tour Montparnasse, où se trouve le canal par rapport à l'obélisque futuriste, où se trouvent les terrains vagues et les champs clôturés par rapport aux barres HLM... on découvre que les décors naturels de plage, de canyon, de collines, sont tous connectés en un seul et même environnement immense, le cours d'eau du canyon débouchant sur la plage, la plage menant aux cultures sous serres d'un côté et aux bois qui précèdent les collines de l'autre...
Cette familiarité ou banalité produit une impression de réel, qui fait que l'intrusion d'OVNI, de robots hauts comme des immeubles, de reptiles cauchemardesques, de fourmis géantes grouillant sur les façades, et d'araignées géantes sautillant partout apparaît immédiatement choquante, absurde... comme si, eh bien, cela arrivait dans la vraie vie, et comme dans la vraie vie, on est libre de réagir comme on l'entend : aller au front, monter sur un immeuble pour avoir une vue générale, fuir à l'autre bout de la ville à l'aide d'un véhicule... on le verra, beaucoup de stratégies différentes permettent d'obtenir la victoire.
L'arsenal de 171 armes joue un grand rôle dans cette liberté et dans la griserie offerte par "Force de Défense Terrestre 2017". Les types d'armes sont nombreux : fusils d'assaut, fusils à pompe, fusils de précision, bazookas, lance-missiles, grenades, et armes "spéciales" parmi lesquelles des lances à acide, lance-flammes, tourelles automatiques, armes aux balles rebondissantes...
De nombreux paramètres sont gérés : portée, puissance, précision, contenance des chargeurs, largeur de la zone d'impact, débit, temps de rechargement, poids, délai de détonation, détonation manuelle ou au contact d'un ennemi... même en dehors des armes "spéciales", les armes étranges abondent : dispersion de plusieurs projectiles sur un plan horizontal ou vertical, fusils qui tirent plusieurs balles puissantes d'affilée puis observent une pause avant de pouvoir tirer de nouveau, grenade si lourde qu'on ne peut pas la lancer sans être dans son périmètre d'explosion (à utiliser au-dessus de trous dans des galeries uniquement), armes à plusieurs canons qui tirent un projectile à la verticale en plus d'en tirer un devant soi, lance-grenade projetant une myriade de gros explosifs rebondissant partout (et qui peuvent donc revenir à l'envoyeur)... il ne manque qu'un fusil à tirer dans les coins !
Expérimenter avec tout cela est d'autant plus jouissif que l'impact est manifeste : on sent bien dans ses mains chaque tir et chaque coup subi grâce à la vibration de la manette (la fréquence et la force de la vibration varie selon l'arme) et comme il a été dit, il suffit d'un tir de bazooka pour qu'un immeuble s'effondre, on peut donc rapidement raser un quartier entier par simple plaisir coupable ou pour stratégiquement dégager la vue... le mobilier urbain, les ennemis et les alliés sont projetés en l'air proportionnellement à la violence des chocs, les grands ennemis anthropomorphes se tordent sous nos tirs (ce qui dévie les leurs), les explosions sont très spectaculaires...
En fait, c'est après avoir joué à "Earth Defense Force : Insect Armageddon", spin-off occidental de la série, que j'ai pu mesurer l'importance de nombreux aspects de la série principale, dont cette question d'impact : dans le spin-off, les dommages semblent virtuels, les arthropodes comme les robots ou les vaisseaux ne bougeant pas d'un pouce quand on leur tire dessus ; alors que dans "Force de Défense Terrestre 2017", lancer une grenade sur un groupe de fourmis est comme faire cuire du maïs à la poêle : ça vole dans tous les sens, et c'est une bonne partie du plaisir de la chose, un peu comme palper les billets au "Monopoly".
Enfin, un autre facteur d'immersion étonnant sont les dialogues. Il n'y a pas de cinématique une fois une partie commencée, tout au plus la caméra se fixe-t-elle à de rares moments sur une cible en particulier (ce que l'on peut désactiver dans les options) ; tout le contexte narratif se fait par des messages radio non intrusifs dont l'essentiel ne nous est pas adressé. Les répliques scriptées sont des flashs d'information, des témoignages de citoyens, ou de brefs renseignements du commandement qui s'harmonisent bien à l'action, la majorité des dialogues étant les exclamations de nos compagnons d'arme, programmées dynamiquement pour coller à toutes les situations.
"Tu veux goûter à mes balles ?", "Le capitaine est mort !", "Laisse-moi faire, mon pote.", "Tu as peur, hein ?", "Trop loin pour tirer !", "Je l'ai eu !", "Passez-moi un chargeur !" - les multiples répliques des soldats environnants sont clamées avec ton et enthousiasme sans second degré audible, ce qui les rend absolument savoureuses. Là encore, elles ne vaudraient pas grand-chose jugées d'un point de vue cinématographique du fait de leur amateurisme et de leur juxtaposition artificielle, mais pour un jeu vidéo elles sont parfaites car reflétant ce qui se passe sur le champ de bataille : simplement à l'oreille, on sait si on est en train de gagner ou de perdre, et le silence quand on se retrouve seul est glaçant. Même dans les temps morts, les alliés se parlent et se répondent, ils en deviennent très attachants, et ajoutent de l'ambiance et une touche d'authenticité au contexte. Quand ils discutent de qui paiera le restaurant après la fin des combats, c'est hilarant.
"Jo est mort !"
Le jeu est donc très amusant, mais c'est en fait sa profondeur ludique qui m'aura le plus marqué : moi qui me suis beaucoup investi dans "Battalion Wars" et un peu dans "Fire Emblem", j'ai plus élaboré de stratégies dans "Force de Défense Terrestre 2017", ce qui peut paraître surprenant.
Sur le fond, le jeu est très "arcade", direct, comme une sorte d'adaptation 3D de "Robotron : 2084" : pour chaque mission, on doit choisir deux armes parmi celles débloquées, on localise les ennemis dans l'arène avec notre radar, le but est de tous les tuer, et c'est tout. Des renforts ou de nouvelles vagues peuvent surgir en cours de mission, mais il y a sinon peu d'événements, et aucune contrainte sur la façon d'atteindre notre objectif ; on a carte blanche.
Au début, on utilise donc les méthodes efficaces dans "Robotron : 2084" : on bouge constamment, on fait bien attention à ne pas se laisser encercler, on anticipe les mouvements de groupe afin de pouvoir ramasser les bonus sans dommage (les humains dans "Robotron : 2084", les bonus de santé dans "Force de Défense Terrestre 2017"), on cherche à grouper les ennemis en une masse unique, on hiérarchise ses cibles en fonction de leur nature, de leur dangerosité et de l'urgence (les générateurs d'ennemis sont en haut de liste)... tout cela devient vite un réflexe, voire une routine.
On l'a dit, du fait de la structure du jeu on peut progresser assez longtemps sans fournir davantage d'efforts, mais vient un moment (ne serait-ce qu'au niveau de difficulté "infernal") où remporter une mission ne peut plus se faire en "pilotage automatique" et vire à l'authentique casse-tête.
Et c'est là où l'on réalise que "Force de Défense Terrestre 2017", qui jusque-là pouvait sembler "bourrin", est en fait finement réglé, avec des missions tirant pleinement parti des caractéristiques de chaque ennemi afin de créer des combinaisons uniques. En bref :
- Les fourmis noires sont les fantassins de base. Moyennement résistantes, elles attaquent en lançant de l'acide à courte portée depuis leur abdomen ; isolées, elles ne posent pas de problème, mais en groupe, l'accumulation de leurs attaques est mortelle.
- Les fourmis rouges sont comme les "Hulks" de "Robotron : 2084" : très résistantes, n'attaquant qu'au contact et faisant peu de dégâts, elles sont en pratique surtout des nuisances parce qu'elles bloquent les tirs que l'on pourrait destiner à des cibles plus dangereuses, et parce que leurs attaques nous étourdissent, ce qui nous fait perdre du temps et nous rend vulnérable aux autres ennemis.
- Les araignées sont un véritable cauchemar. Elles se déplacent en sautant, ce qui les rend compliquées à gérer en tant que horde et oblige à scruter le radar pour ne pas se faire surprendre. Elles attaquent avec des fils corrosifs ralentissant nos mouvements et pouvant nous tuer en quelques secondes dans les niveaux les plus difficiles.
- Les vaisseaux de chasse semblent inoffensifs puisque pas très solides et attaquant de façon espacée avec des tirs de faible puissance faciles à éviter, mais leur nombre et leurs déplacements les rendent aussi nuisibles qu'une nuée de moustiques : ils sont durs à viser et drainent notre santé lentement mais sûrement alors qu'on a mieux à faire.
- Les robots (appelés "Hectors") ont deux tailles et deux types d'armes disponibles (une arme au bout de chaque bras) : les canons à plasma en font des bombardiers à longue distance qui nous contraignent à esquiver très régulièrement leurs tirs paraboliques, alors que les armes de plus courte portée en font des blindés redoutables, surtout à plusieurs.
- Il y a deux générateurs : les monticules, qui sont de simples trous de fourmilière assez résistants d'où les fourmis et araignées sortent à volonté, et les OVNI, invulnérables aux tirs sauf lorsqu'ils s'ouvrent. Dans les deux cas, il y a un nombre maximal d'adversaires lié à chaque générateur, qui ne recrée que les extraterrestres qui lui "manquent".
Tous ces éléments, conjugués avec des arènes diverses et vastes et un arsenal varié, créent une combinatoire très riche dont les missions tirent pleinement parti, alors qu'individuellement chaque élément ne paye pas forcément de mine.
La même immense chambre souterraine ne se jouera pas du tout de la même façon si l'on y commence à son sommet avec une multitude d'araignées grouillant en bas, ou si l'on y commence tout en bas avec des monticules à éliminer au cours d'une escalade rendue périlleuse par des fourmis lanceuses d'acide courant sur les parois : dans le premier cas, les lance-grenades sont vitaux, dans le second, ils sont inutiles voire nocifs pour les alliés stationnés en bas - cela fait donc deux missions bien distinctes.
Chaque configuration de décors ou d'ennemis a une arme idéale correspondant, mais comme les arènes sont très grandes et les armes limitées à deux maximum une fois en jeu, on doit faire des choix : les tourelles automatiques sont idéales pour dézinguer les nuées de vaisseaux de chasse, mais ça ne sert à rien si on ne s'occupe pas de leur générateur, idéalement détruit avec un fusil de précision - mais si on s'équipe de ces deux armes, on se trouvera alors désavantagé face à d'autres contextes dans l'arène avec d'autres ennemis ou vagues...
Confronté à des missions particulièrement retorses, jouer sur sa connaissance de l'arène peut nous sauver la mise. Quand une armée de grands Hectors débarque sur une plage escortée de vaisseaux de chasse, il peut être pertinent d'abandonner nos camarades sur la plage pour monter au sommet de la falaise la surplombant, les Hectors ne pouvant pas gravir un tel dénivelé ; on pourra alors lancer des grenades par-dessus le bord sans jamais s'exposer à l'enfer des tirs de plasma, et se débarrasser des vaisseaux de chasse à l'aide d'un fusil d'assaut ou de tourelles.
Quand on doit exterminer des centaines de fourmis vaquant à leurs occupations dans une grotte gigantesque, il peut être pertinent de ne pas les attaquer depuis la haute arche proche du point de départ de la mission, mais de faire un détour par un tunnel long et étroit débouchant sur le haut de la salle pour les canaliser, les alignant dans les tirs unis de notre escouade et de nos tourelles, les stoppant net et les empêchant de nous encercler.
Les quelques véhicules, très peu maniables et souvent inutiles, peuvent aussi avoir leur importance. Quand on se trouve au point de convergence de trois grands groupes d'araignées dans une ville dévastée, il peut être pertinent de foncer vers la moto présente dans l'arène, d'amener les araignées à former une masse compacte en les baladant autour de la ville, puis de continuer de tourner en descendant de temps en temps pour laisser des mines derrière soi, grignotant leurs effectifs petit à petit.
Ces stratégies ne sont pas téléphonées ni exceptionnelles, elles résultent simplement de l'exploitation des éléments laissés à notre disposition par le jeu. On découvre que certaines caractéristiques d'armes, qui paraissaient au départ anodines, peuvent faire toute la différence : en ville, on préférera un fusil d'assaut moins puissant mais avec une longue portée, alors que sous terre la portée importe peu par rapport au temps de rechargement, idéalement très court pour garder les meutes à distance... on apprend à éviter les larges avenues face aux hordes d'araignées pour préférer se faufiler entre les immeubles afin de rester à couvert... on réfléchit à quelle "ruche" attaquer en premier dans un immense champ d'opérations, s'il est pertinent ou non de faire des détours pour rallier des soldats ou s'il vaut mieux les laisser là où il sont pour faire diversion, etc.
Le plus jouissif, dans tout cela, est encore une fois le large panel d'options auquel on a accès, le jeu offre des missions concoctées très minutieusement mais elles ne suggèrent pas de solution spécifique, tout le défi se construit sans script, juste par la situation et l'action (d'autant que notre résistance d'armure et l'arsenal débloqué varient, influençant l'expérimentation et les stratégies).
Très défoulant et "arcade", le jeu a donc de la profondeur grâce aux mêmes bases de liberté qui le rendent si divertissant. Par son côté "terrain de jeu" un peu chaotique, il m'a d'ailleurs rappelé dans un registre différent "Banjo-Kazooie : Nuts & Bolts", qui était également grisant du fait de son sens de l'échelle, de son univers décalé, et de la richesse des outils à utiliser pour gagner.
"EFFFFDÉÉÉTÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉHEU !!!"
Cet article était presque fini avant que l'E3 de 2013, marquant le début de la nouvelle génération de consoles Wii U/PS4/Xbox One, ne s'ouvre. Après avoir regardé les présentations de chacun des trois grands constructeurs, je me suis relu et je n'ai rien trouvé à changer sur le fond, au contraire, il est frappant de constater que la situation n'a fait que se renforcer : Sony et Microsoft mettent toujours plus en avant les codes et les visuels du cinéma à grand spectacle, alors que Nintendo suit une trajectoire inverse en se recroquevillant sur des formules de jeux que l'on imaginerait bien volontiers sur console portable, sans narration, sans personnage développé, sans univers autre qu'abstrait...
Il ne s'agit pas ici de dire que le "réalisme" en tant que tel serait nuisible au jeu vidéo. Comme toute contrainte, il peut au contraire ouvrir des perspectives ludiques nouvelles, comme l'a démontré Climax Studios avec "Silent Hill : Shattered Memories", que j'ai personnellement trouvé bouleversant ; et il peut accroître l'impact de certains jeux immersifs, comme on a pu l'apprécier avec le premier "Dead Space" ou d'autres survival horrors modernes.
Non, il s'agit de dire que le "réalisme", appliqué systématiquement, a un coût. Un coût budgétaire, déjà : quand chaque détail de l'environnement doit être plausible, cela implique un certain niveau de production et une certaine gestion des prises de risques ; un coût artistique, ensuite : se borner à des univers et des styles "réalistes" limite drastiquement les marges de manœuvre esthétiques et narratives ; et un coût ludique, enfin : les deux contraintes déjà citées et la nécessité de toujours maintenir une action "réaliste" construisent par effet domino un vrai carcan, qui conduit les jeux vidéo "en boîte" à se ressembler bien plus qu'ils ne le devraient.
Dans "Force de Défense Terrestre 2017", si l'on n'a pas de dommage (et que l'on n'est même pas étourdi) quand l'immeuble sur lequel on se tient s'écroule, c'est pour des raisons de fluidité du gameplay : si les concepteurs avaient été contraints de gérer cette sorte d'événement de façon "réaliste", alors lesdits événements n'auraient pas été viables ludiquement parlant, ils n'auraient donc pas été présents dans le jeu, et le jeu n'aurait donc plus été "Force de Défense Terrestre 2017".
La question qui se pose, à l'heure actuelle, est celle de l'existence même des jeux "intermédiaires", qui ont un budget, un univers, une narration, une mise en scène et des personnages développés sans pour autant avoir un contexte réaliste ; des jeux d'aventure comme "Majora's Mask", "Chibi-Robo!" ou "Okami", capables de véhiculer un sens et des émotions intenses dans un monde pourtant décalé ; des jeux d'action/plateformes comme "Viewtiful Joe", "Maximo : Ghosts to Glory" ou "Super Mario Galaxy", dont la présentation compte énormément dans l'expérience ; ou des jeux qui sortent franchement des sentiers battus comme "Killer7", "Trauma Center : Second Opinion" ou "Little King's Story", et qui ont pourtant plus de choses à dire que bien des jeux du type "cinématographique"... les missions souterraines de "Force de Défense Terrestre 2017", malgré leur ambition modeste et tout leur second degré, sont à mon avis la meilleure adaptation vidéoludique de "Aliens", preuve que les recettes du cinéma ne sont pas forcément pertinentes même lorsqu'il s'agit d'adapter des scènes de film anthologiques.
Pour finir, il faut savoir que malgré ses nombreuses qualités, "Force de Défense Terrestre 2017" est vu par des vétérans de la série comme un épisode paresseux, étant en quelque sorte un remake du tout premier jeu de la série, "Monster Attack" sur PS2, qui n'incorpore donc pas les trouvailles et les nouveaux ennemis du second opus, "Global Defence Force". Pour ma part, je pense que le minimalisme du jeu est justement une de ses forces, une nouvelle suite pouvant toujours se charger d'effectuer plus tard des ajouts et expérimentations divers et variés.
Une suite est d'ailleurs dors et déjà prévue pour cet été au Japon et annoncée pour l'année suivante aux États-Unis, sous le nom de "Earth Defense Force 2025". Reste à espérer que ce nouvel épisode sera également disponible en Europe, avec un doublage en français d'aussi remarquable qualité que son prédécesseur...
3 commentaires
Lu sur Grospixels, vraiment passionnant !
Que dire... le meilleur article sur EDF2017 un point c'est tout. Je bookmarque en espérant lire ton avis sur 2025 ou sur EDF Tactics (oui, on doit être 3 dans le monde à y jouer encore...).
« des araignées géantes (que le jeu s'acharne, à mon grand dam, à appeler des "insectes") »
A priori, cette erreur est possiblement dû en partie à la traduction depuis le japonais, où le mot mushi (虫) englobe à la fois les insectes et les araignées.
Sinon, magnifique billet contre le tout-réalisme aveugle ; j’ai parfois l’impression que certains oublient qu’un jeu vidéo est un jeu et non pas une simulation de réalité. C’était passionnant ; je jouerai peut-être à l’occasion à cette série, histoire de tâter de la bête !
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